dimanche 24 janvier 2010

Idées pour un «Plan Marshall» en Haïti.

Il ne suffit pas de faire le bien, il faut aussi le faire bien. Alors, faisons en sorte que ceux qui sont morts ne le soient pas en vain. La ville de Port-au-Prince est terrassée, elle doit être reconstruite absolument. La «République de Port-au-Prince» est anéantie, elle ne doit plus jamais revivre.

L’idée d’un «Plan Marshall» pour Haïti séduit parce qu’elle évoque cette générosité colossale à la mesure d`un cataclysme. Mais la comparaison s’arrête là. Car symboliquement, disons que le Plan Marshall pour l’Europe, déblayait et reconstruisait des choses détruites, tandis que le Plan Marshall pour Haïti construira des choses qui n’existent pas encore. Il lui faudra panser, penser, tracer, défricher puis construire. Certes, il faudra répondre vite à l’urgence des sinistrées de façon durable. Mais la vraie justification d’un plan de cette envergure ne se mesure pas à la taille d’une ville.

Cette fois-ci, si c’est la bonne, ce qui n’a jamais été sera. La ville au service de la campagne, Port-au-Prince au service d’Haïti. Mais le maître mot doit être «Décentralisation».

Contrairement à la croyance générale, bien moins que de l’argent, c’est de la bonne volonté qu’il nous faudra avant tout. Certaines formules gagnantes ont déjà été appliquées en Haïti. Malheureusement, elles ont échoué, par ce qu’elles ne coûtaient pas assez cher pour racoler les donateurs et assurer la fortune des corrompus. (Ex : Puits artésiens à 500$US l’unité dans Sud - projets abandonnés en 1978).

Il y a des experts pour étudier la faisabilité des projets et évaluer leurs coûts en agriculture, en santé, en éducation etc. Il y a aussi des experts pour réaliser les projets. Cependant il n’y a pas d’expert vous dire le genre de pays qu’il vous faut pour vivre.

Aussi, avant de demander de l’argent et encore de l’argent, donnons-nous des objectifs clairs, mesurables et mobilisateurs. Si nous n’atteignons pas entièrement un objectif, ce sera en soi un moindre mal, au moins il nous aura permis d’avancer dans la bonne direction. Sans chercher à imposer un point de vue, jetons à tous vents quelques pistes de solution pour alimenter la réflexion.

Il n’y a rien qui de tout cela qui nécessite des sommes d’argent astronomiques. Bien au contraire, mieux que de l’argent, le transfert et l’adaptation du savoir-faire par la coopération internationale est l’avenue tout indiquée. Ex :
• irrigation (Israël)
• microcrédit (Bangladesh)
• alphabétisation (Nicaragua)
• santé (Cuba)

Éradication de l’analphabétisme en 3 ans.
• Contribution volontaire des travailleurs, des écoliers et des étudiants (exemple du Nicaragua ont 800000 personnes alphabétisées en 6 mois)
• La ville au service de la campagne pour la première fois et volontairement.

Campagne nationale de reboisement et Revalorisation des sols en 5 ans
• murs de soutènement, couverture végétale, terrasses, cultures en gradin, reconstitution des bassins versants, irrigation, drainage.
• travaux d’infrastructure pour tous les paysans sans terre non affectés aux tâches agricoles.

Campagne nationale pour l’autosuffisance alimentaire en 5 ans
• coopérative agricole,
• coopérative de distribution.
• débouchées régionales ou nationales assurées
• labels de qualité et certification avec pour les adhérents
o assurance-récolte
o prix minimums garantis.

Hygiène et premiers soins pour tous les haïtiens en 2 ans.
• Formation rapide et massive d’auxiliaires en soins santé pour tous.
• Chaque échelon de gouvernement finance la santé de base à son niveau :
o centre de premiers soins,
o dispensaires de village,
o dispensaires-hôpitaux,
o hôpitaux régionaux,
o centres de santé nationaux.

Bons d’État et appels publics à l’épargne pour investir dans les ports et aéroports de province, pour l’électricité, l’eau potable. Là où il y a des profits à faire il y a des investisseurs, or de telles infrastructures sont rentables dès que l`économie d’une région les requiert. Bien entendu, pour des secteurs aussi névralgiques, c’est la fondation même de l’économie, il faudra des mécanismes nationaux de surveillance des prix.

Appels à investisseurs pour la fabrication locale de biens de consommation courante.
• Incitatifs fiscaux
• Label de qualité et certification
• Taxation prohibitive des produits importés de luxe pour soutenir l’industrie nationale.
• Contenu haïtien minimal pour la mention «made in Haïti» sur le marché intérieur.
• Campagne de valorisation des produits locaux.

Ce ne sont pas les grands idéaux qui mènent le monde, ce sont les intérêts particuliers qui motivent les êtres humains. Les idéaux sont des balisent pour empêcher que les intérêts particuliers, souvent à court terme, supplantent ceux de la collectivité, généralement à long terme.

N’êtes-vous pas fatigués de l’étiquette : «pays le plus pauvre de l’hémisphère occidentale». Alors, s’il vous plaît n’hésitez pas à critiquer ce texte et faites-le de bonne foi, ce sera toujours positif.

Arold Isaac Sr
Montréal, 24 janvier 2010

1 commentaire:

  1. Salut camarade !

    Je trouve vos idées très intéressantes. Certaines rejoignent parfaitement les miennes qui doivent faire l'objet d'un ouvrage que je compte publier cette année.

    Bonne chance à nous !

    Ernst

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